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L' Ile
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PROLOGUE EN BRETAGNE I LES ROUTIERS Par une belle matinée de mai 1598, deux cavaliers sortirent de la ville de Saint-Malo, prirent une route boisée qui conduisait au sud, et s'avancèrent vers un plateau escarpé. Ces deux cavaliers portaient un costume mi-parti militaire, mi-parti de cour. Le plus vieux paraissait âgé de quarante-cinq ans. L'autre était un jeune homme, vêtu avec un goût sobre et distingué. Quoique armé, comme son compagnon, il semblait revenir d'une fête ou aller à quelque gente réunion de châtelaines. Sa physionomie avait ce caractère d'intrépidité féminine qui distingue les rejetons de la vielle noblesse; ses traits étaient délicats, mais dans son oeil rayonnait une indicible fierté; son front était blanc comme le marbre, mais large et bombé, son nez finement dessiné, mais hardi dans son jet, sa bouche petite, mais railleuse; son menton agréable mais allongé; son corps grêle, mais musculeux et vigoureusement charpenté. Enfin, il était le type de cette race franque qui s'imposa à la Gaule par la force brutale après la décadence de l'empire romain. Le premier avait nom Guillaume, marquis de la Roche-Gommard. Le second avait nom Jean, vicomte de Ganay. Celui-là était Breton. Celui-ci était Bourguignon. Tous deux comptaient des croisés parmi leurs aïeux; et, bien que la glace féodale commençât à se fondre au soleil de la royauté, les de la Roche et les de Ganay s'efforçaient de suivre les traditions surannées de leurs ancêtres. C'est pourquoi Jean avait été envoyé en Bretagne par le comte Germain de Ganay, son père, pour y faire ses premières armes sous le patronage du marquis de la Roche, avec lequel il s'était lié d'amitié durant les guerres de la Ligue. Après avoir été page, Jean s'était élevé au grade d'écuyer, et, à ce titre, servait Guillaume de la Roche. Durant une demi-heure les deux cavaliers chevauchèrent sans prononcer une parole. Le chemin qu'ils parcouraient était sinueux, raboteux et profondément encaissé entre une double haie d'aubépine et de merisiers en fleurs. Le marquis, sombre et soucieux, s'abandonnait à l'allure nonchalante de sa monture; le vicomte, non moins soucieux, dévorait l'horizon du regard, et aurait voulu sans doute presser le pas de sa monture, mais un sentiment de déférence l'empêchait de devancer son compagnon qu'il suivait à une courte distance. Tout à coup, comme ils atteignaient un endroit où la route formait un coude, cinq cavaliers, armés de toutes pièces, lance en arrêt, et visière baissée, s'offrirent à leur vue. -Par la messe, que signifie ceci? s'écria Guillaume de la Roche tirant son épée. Henri-Émile Chevalier, né le 13 septembre 1828 à Châtillon-sur-Seine, mort le 26 août 1879 à Paris, est un homme de lettres français. Ayant porté les armes, Chevalier dut s'exiler à la suite du coup d'État du 2 décembre 1851, et séjourna en cette qualité aux États-Unis, où il a donné des feuilletons dans le Courrier des États-Unis, à Montréal où il a écrit dans des journaux démocratiques et occupé le poste de bibliothécaire de l'Institut Canadien. Pendant son séjour en Amérique, il a publié un grand nombre de romans édités à Montréal et plusieurs ouvrages sur la Géologie américaine. Il a traduit de l'anglais le Foyer canadien, de Knot, publié l'Art de la beauté paru sous le nom de Lola Montez, et donné une nouvelle édition de l'Histoire du Canada, du frère Gabriel Sagard-Théodat. Il a aussi dirigé la Chasse illustrée. Ayant accepté l'amnistie en 1860, il écrivit des nouvelles dans des journaux, comme le Pays et L'Opinion nationale, et des séries de romans sur les Amérindiens. Il a pris place au Conseil municipal de Paris et a fini par un enterrement civil.