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Le chasseur noir
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Barnes and Noble
Le chasseur noir
Current price: $16.97
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xtrait: I TRAGÉDIE NOCTURNE Il faisait tout à fait nuit quand le chasseur arriva au lieu où il avait dressé ses pièges la nuit précédente. C'était un de ces sites pittoresques que l'on trouve seulement dans les chaînes des montagnes Rocheuses. Des barrières presque infranchissables, de gigantesques remparts de terre et de pierres en défendaient l'approche. Mais, si bien gardée qu'il fût par la nature, ce pertuis était accessible à un trappeur[1], car ses yeux exercés savent découvrir la passe la plus étroite, et sa main sait ouvrir les portes secrètes des montagnes: ses pieds sont familiers avec les sentiers désolés, et les mousses des arbres, aussi bien que les étoiles du firmament, servent à diriger ses pas. [Note 1: Les Canadiens-français désignent ainsi les gens qui font la traite des pelleteries dans l'Amérique septentrionale.] Le chasseur avait gagné la gorge solitaire dont nous venons de parler par un cul-de-sac que longtemps il avait cru connu de lui seul. Mais ayant, depuis peu, perdu plusieurs pièges tendus, au fond de cette gorge, près d'une rivière qui l'arrosait et s'échappait, en se frayant un passage à travers les masses de granit, il avait commencé à ne plus se considérer comme l'unique violateur de cette profonde retraite. Arrivé à sa destination il eut un mouvement de surprise et de colère, facile à concevoir, en remarquant que ses pièges avaient encore disparu. Une fois assuré du fait, il se mit à fureter ça et là, autant que les ténèbres pouvaient le lui permettre, pour découvrir quelques traces des auteurs de la soustraction; mais il lui fut impossible d'obtenir la moindre preuve que le lieu eût été visité par un blanc ou un Peau-rouge. Après avoir réfléchi un instant, le trappeur se coucha dans de hautes herbes et des plantes aquatiques sur le bord de la rivière, qui, à ce point, semblait sourdre du coeur même des montagnes, sous une voûte énorme de rochers. Notre homme s'amusa à écouter le murmure des eaux, en se demandant comment elles avaient pu s'ouvrir une voie à travers ces blocs si compactes et si puissants. Les voiles de la nuit s'épaissirent. L'ombre parut rouler et se condenser dans le bassin jusqu'à ce qu'elle ressemblât à ces ténèbres égyptiennes que l'on pouvait palper. Tout à coup, une lueur brilla sur la ravine.... Henri-Émile Chevalier, né le 13 septembre 1828 à Châtillon-sur-Seine, mort le 26 août 1879 à Paris, est un homme de lettres français. Ayant porté les armes, Chevalier dut s'exiler à la suite du coup d'État du 2 décembre 1851, et séjourna en cette qualité aux États-Unis, où il a donné des feuilletons dans le Courrier des États-Unis, à Montréal où il a écrit dans des journaux démocratiques et occupé le poste de bibliothécaire de l'Institut Canadien. Pendant son séjour en Amérique, il a publié un grand nombre de romans édités à Montréal et plusieurs ouvrages sur la Géologie américaine. Il a traduit de l'anglais le Foyer canadien, de Knot, publié l'Art de la beauté paru sous le nom de Lola Montez, et donné une nouvelle édition de l'Histoire du Canada, du frère Gabriel Sagard-Théodat. Il a aussi dirigé la Chasse illustrée. Ayant accepté l'amnistie en 1860, il écrivit des nouvelles dans des journaux, comme le Pays et L'Opinion nationale, et des séries de romans sur les Amérindiens. Il a pris place au Conseil municipal de Paris et a fini par un enterrement civil.